L’Heure Sainte, telle qu’elle est célébrée à la Chapelle des Apparitions au soir du Jeudi Saint, se déroule en deux temps.
Autour du Reposoir, où sont déposées les Saintes Espèces qui ont été consacrées au cours de la Célébration de la « Cène du Seigneur », il n’y a pas d’exposition du Saint-Sacrement. Il n’y a aucun chant ni de prières proposées.
- De 22h à 23h nous relisons le Chapitre 17 de l’Evangile de Jean, appelée « la prière sacerdotale du Christ ». Cette prière adressée à son Père a été dite, en effet, entre la « Cène » (Jean 13) et son Agonie à Gethsémani relatée par les autres évangiles.
- De 23h à minuit. Nous méditons l’agonie de Jésus dans une plus grande sobriété que les autres semaines en parcourant le récit de saint Luc.
Cette Heure Sainte peut être suivie en direct de la chapelle des Apparitions . A suivre aussi, le Triduum “sous le signe de la beauté”.
La prière sacerdotale
Cette prière que Notre Seigneur fait monter vers son Père et notre Père, jaillit de son Cœur brûlant d’amour. La théologie traditionnelle n’hésite pas à affirmer qu’à cette Heure, nous étions chacun mystérieusement présent dans la Pensée et dans le Cœur de Jésus et que ses paroles nous « visaient » très personnellement. Pour ceux qui connaissent bien Paray-le-Monial, il serait intéressant de se souvenir de la belle mosaïque du tabernacle de la Chapelle de St Claude La Colombière qui pourrait être considérée comme une illustration de cette prière sacerdotale du Christ. On y voit, en effet, Jésus, les yeux levés vers le Ciel, qui présente son Sacré Cœur au Père dans ses mains ouvertes. Et il s’offre, il nous offre, il offre le monde au Père.
I- Ainsi parla Jésus, et levant les yeux au ciel, il dit : “Père, l’heure est venue : glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie et que, selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ! Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul véritable Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donné de faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j’avais auprès de toi, avant que fût le monde. J’ai manifesté ton nom aux hommes, que tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi et tu me les as donnés et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi ; car les paroles que tu m’as données, je les leur ai données, et ils les ont accueillies et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d’auprès de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. C’est pour eux que je prie ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux. (Jean 17, 1-10)
Prière en silence
II- Je ne suis plus dans le monde ; eux sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les dans ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous. Quand j’étais avec eux, je les gardais dans ton nom que tu m’as donné. J’ai veillé et aucun d’eux ne s’est perdu, sauf le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie. Mais maintenant je viens vers toi et je parle ainsi dans le monde, afin qu’ils aient en eux-mêmes ma joie complète. Je leur ai donné ta parole et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais. Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. (Jean 17, 11-19)
Prière en silence
III- Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux.” (Jean 17, 20-26)
Prière en silence
Il n’y a pas de bénédiction du Saint-Sacrement. La prière en silence, devant le reposoir, peut se prolonger jusqu’à minuit. Il peut être bon à ce moment là de méditer dans le silence de notre cœur le récit de l’Agonie de Notre Seigneur à Gethsémani. Nous en donnons ici la version selon l’Evangile de Matthieu.
Alors Jésus parvient avec eux à un domaine appelé Gethsémani, et il dit aux disciples : “Restez ici, tandis que je m’en irai prier là-bas.” Et prenant avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à ressentir tristesse et angoisse. Alors il leur dit : “Mon âme est triste à en mourir, demeurez ici et veillez avec moi.” Etant allé un peu plus loin, il tomba face contre terre en faisant cette prière : “Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux.” Il vient vers les disciples et les trouve en train de dormir ; et il dit à Pierre : “Ainsi, vous n’avez pas eu la force de veiller une heure avec moi ! Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l’esprit est ardent, mais la chair est faible.” A nouveau, pour la deuxième fois, il s’en alla prier : “Mon Père, dit-il, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite !” Puis il vint et les trouva à nouveau en train de dormir ; car leurs yeux étaient appesantis. Il les laissa et s’en alla de nouveau prier une troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors il vient vers les disciples et leur dit : “Désormais vous pouvez dormir et vous reposer : voici toute proche l’heure où le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici tout proche celui qui me livre.” (Matthieu 26, 36-46)
L’agonie à Gethsémanie.
Dans la tradition du sanctuaire du Sacré Cœur de Paray-le-Monial, à la demande de Jésus, nous accompagnons Jésus dans son agonie pour suppléer à l’abandon de ses disciples et demander miséricorde pour les pécheurs.
De l’évangile selon saint Luc 22, 39 ss.
39 Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
40 Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
41 Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait… en disant : 42 « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
43 Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
44 Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre.
45 Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse.
46 Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
47 Tandis qu’il parlait encore, voici une foule, et à sa tête marchait le nommé Judas, l’un des Douze, qui s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. 48 Mais Jésus lui dit: “Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme!”… 54 L’ayant donc saisi, ils l’emmenèrent…
A minuit, le prêtre dépose les Saintes Espèces dans le tabernacle prévu à cet effet. L’assemblée quitte la Chapelle dans le silence.
Pour les autres semaines de ce mois, nous vous proposons de demeurer sur cette belle prière de saint Jean dans nos méditations. Nous verrons comment résonnent ces paroles après la résurrection. Nous le nourrirons de chants appropriés au temps liturgique.
Méditations (Facultatives. A lire si vous souhaitez une aide, un support pour prier)
Jeudi 8 avril :
Dimanche nous célébrerons la Divine Miséricorde.
Jésus à Sainte Faustine : « Ecris : Je suis trois fois saint et j’ai du dégoût pour le plus petit péché. Je ne peux aimer une âme souillée par le péché, mais lorsqu’elle se repent, il n’y a pas de limites à la largesse que j’ai envers elle. Ma miséricorde l’enveloppe et la justifie. Je poursuis de ma miséricorde les pécheurs sur tous leurs chemins et mon Coeur se réjouit quand ils reviennent vers moi. J’oublie les amertumes dont ils abreuvaient mon Coeur, et je me réjouis de leur retour. Dis aux pécheurs qu’aucun n’échappera à ma main. S’ils fuient mon Coeur miséricordieux, ils tomberont dans les mains de ma justice. Dis aux pécheurs que je les attends toujours, je prête une oreille attentive aux battements de leur cœur quand il bat pour moi. Ecris que je leur parle par leurs remords de conscience, par les insuccès et les souffrances, par les orages et la foudre, je leur parle par la voix de l’Eglise… Les plus grands pécheurs arriveraient à une haute sainteté, si seulement ils avaient confiance en ma miséricorde. Mes entrailles débordent de miséricorde et elle est répandue sur tout ce que j’ai créé. C’est mon délice d’agir dans l’âme humaine, de la combler de ma miséricorde et de la justifier. (Sainte Faustine, Petit Journal).
Jeudi 15 avril :
Contempler la victoire du Ressuscité en scrutant les sentiments-mêmes du Cœur de Jésus au moment de la Résurrection, et ce que cet Evénement révèle de sa relation à son Père. Nous le faisons avec deux textes, l’un d’un très grand compositeur catholique, l’autre d’un très grand Pape théologien.
« La mort et la vie ont engagé un stupéfiant combat; L’Auteur de la vie, après être mort, vit et règne; et il dit : « Mon Père, je suis ressuscité, je suis encore avec toi. » (Missel, Séquence et Introït de Pâques, (ancienne version)). [Contemplons] « cet instant sublime où Jésus se lève, vivant, lumineux, Premier-né d’entre les morts, et, dans la Paix ensoleillée de sa Résurrection (dans la Paix ensoleillée du Divin Amour), adresse à son Père cet hommage d’amour: « Je suis encore avec toi. » (Olivier Messiaen, commentaire pour sa pièce d’orgue intitulée « Combat de la mort et de la Vie »).
« Je suis ressuscité et je suis encore et toujours avec toi ». Dans ces paroles, à l’aube de Pâques, l’Eglise reconnaît la voix même de Jésus qui, ressuscitant de la mort, s’adresse au Père, débordant de bonheur et d’amour, et s’écrie : « mon Père, me voici ! Je suis ressuscité, je suis encore avec toi et je le serai pour toujours ; ton Esprit ne m’a jamais abandonné ». Nous pouvons ainsi comprendre de façon nouvelle d’autres expressions du psaume 138 (139) : « Je gravis les cieux : tu es là : je descends chez les morts : te voici… Même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière »… Par son sacrifice rédempteur, Jésus de Nazareth nous a rendus fils adoptifs de Dieu, de sorte que maintenant nous pouvons, nous aussi, nous insérer dans le dialogue mystérieux entre Lui et le Père. (Benoît XVI, message de Pâques 2008).
Jeudi 22 avril :
En cette Heure Sainte, demandons et intercédons pour que la Lumière de la Résurrection et de la victoire du Christ vienne visiter tous ceux et celles qui sont dans la nuit, à cause de la maladie ou de l’isolement, ou pour bien d’autres causes encore. Ecoutons ce passage de la Lettre aux Romains avec une acuité nouvelle, et par notre foi, notre espérance, notre compassion, demandons au Christ de rejoindre tous ces frères souffrants.
« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? Qui se fera l’accusateur de ceux que Dieu a élus ? C’est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? Ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La tribulation, l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? Selon le mot de l’Ecriture : A cause de toi, l’on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d’abattoir. Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Romains 8)
Jeudi 29 avril :
Nous célébrons aujourd’hui Sainte Catherine de Sienne. Ecoutons ce dialogue entre elle et Jésus.
« Un jour je demandais au Seigneur : ‘’Doux Agneau immaculé, vous étiez déjà mort sur la croix, quand votre côté fut percé par la lance ; pourquoi donc avez-vous décrété qu’il fût alors frappé et si cruellement blessé ?’’ Jésus répondit : ‘’Pour plusieurs motifs dont voici le principal : Mon amour pour les hommes était sans mesure tandis que les souffrances et la torture que j’endurai étaient limitées ; et ainsi je ne pouvais pas leur manifester l’étendue de mon amour pour eux, puisque mon amour est sans limites. J’ai donc voulu que mon cœur soit ouvert ; par là, vous connaîtriez ses secrets intimes et qu’il vous aimait bien plus que ne peut le montrer une douleur finie. J’ai manifesté tout cela par la plaie de mon côté ; là vous découvrez le secret de mon Cœur. Mon Cœur vous prouve mon Amour beaucoup plus qu’aucune souffrance limitée ne pourrait le faire.’’ » (Sainte Catherine de Sienne, les dialogues).