En faisant une relecture de mon passé, à la lumière de mon cheminement spirituel, je perçois que j’ai déjà eu une intuition sur l’Amour du « Cœur de Dieu », sans lui donner encore ce nom ou cette définition, lorsque j’ai découvert, ébloui, la musique d’Olivier Messiaen, le grand compositeur catholique du 20ème siècle (1908-1992).
Olivier Messiaen, mon premier Père spirituel
C’était en 1966, dix ans avant ma conversion. Les œuvres du génial musicien et les commentaires qui les accompagnaient ont été une véritable catéchèse « souterraine », presqu’à mon insu, dans le secret du cœur.
Mes premières émotions religieuses fortes viennent de sa musique. Bien plus tard, en réécoutant certaines de ses œuvres, je me suis souvent dit :
« c’est une musique qui sort tout droit du Cœur de Jésus ».
Il faut cependant préciser que les causes directes de ma conversion en 1976 étaient autres, et n’étaient pas d’ordre musical.
Puis après la conversion plutôt foudroyante (en une après-midi et une nuit), dans le « climat » du Renouveau Charismatique catholique (d’abord anglo-saxon) et l’expression incandescente de la « folie d’amour » de Dieu, le cheminement vers le Baptême commence. Et alors c’est la rencontre avec Montmartre, le Sacré-Cœur ; c’est là que je suis « éduqué », que j’entre en catéchuménat, que je suis baptisé. Que d’heures de joies intimes dans les moments d’adoration de nuit, devant le Saint Sacrement exposé ! J’ai ressenti là, devant le Saint Sacrement, comme les battements du Cœur de Jésus, brûlant d’amour… Cœur à la fois palpitant et « Rocher ».
Le Coeur de Jésus est brûlant d’amour !
Je ne connaissais pas encore Paray-le-Monial. J’ai l’impression d’avoir pu entrer dans ce Cœur Sacré, comme en une demeure très Sainte, intime et en même temps grandiose. Puis l’indicible rencontre des fidèles de la Basilique avec Saint Jean-Paul II, le soir du 1er juin 1980 ! Au Cœur de l’Eglise, avec son Pasteur qui parle du Cœur de Jésus en termes à la fois enflammés et limpides. Adoration et Cœur de Jésus ne font plus qu’un dans ma mémoire et dans ma sensibilité.
En termes très simples, je dirais que, pour moi, le message du Sacré Cœur de Jésus, transpercé par la lance, c’est la révélation de cet Amour jusqu’à l’extrême qui pousse Notre Seigneur à se faire Eucharistie, nourriture et boisson.
Puis il y eut l’appel au Sacerdoce… comme un secret du Cœur de Jésus m’interpellant avec une infinie délicatesse au plus secret de mon cœur. Cela s’est passé en février 1979. Puis l’entrée dans la Communauté de l’Emmanuel, où j’ai tout de suite « respiré » l’adoration du Cœur de Jésus comme un élément totalement naturel de ma spiritualité et surtout comme la dimension essentielle de la vie de l’Eglise… l’Eglise « qui a un cœur » (Sainte Thérèse de Lisieux).
La spiritualité et la personnalité de Pierre Goursat ont aussi été des chemins très précieux dans la découverte de Jésus « doux et humble de cœur ».
Mes études théologiques ensuite, dans un milieu privilégié (l’Institut d’Etudes Théologiques de Bruxelles) m’ont fait entrer encore plus profondément dans la demeure de « ce Cœur qui a tant aimé les hommes ». Et puis une dimension essentielle de mon cheminement : la redécouverte de mon identité juive à la lumière du Christ et de l’Eglise. C’est par l’Alliance avec son Peuple Elu que le Père du Ciel a façonné le Cœur de Chair de son Fils Eternel. Amour nuptial du Bien-Aimé (Cantique des cantiques) pour sa Bien-Aimée symbolisant Israël d’abord, puis l’Eglise. Dans le Cœur de Jésus, mon être, à la fois juif et catholique, est profondément unifié.
Les limites de ce témoignage ne me permettent pas de continuer. Je dirais surtout qu’en cette année jubilaire de la Miséricorde (2015-2016), franchir la Porte Sainte qui est la porte d’entrée de la Chapelle des Apparitions à Paray-le-Monial, c’est entrer dans le Cœur de Jésus.
Les paroles de Jean-Paul II prononcées en janvier 2001, lors de la fin de l’année jubilaire de l’an 2000 et à l’occasion de la fermeture de la Porte Sainte de la Basilique Saint Pierre, ces paroles résonnent dans ma mémoire et dans mon cœur :
« Le Cœur de Jésus demeure plus que jamais ouvert… pour dire à notre humanité ‘venez à moi’… ».
Une émission de France Musique sur Jean-Rodolphe Kars pianiste.
Une interview du Père Kars par le magazine Il est Vivant !