Quand les saints entrent dans Soho… (“Mercy mission” à Londres – suite).

Des catholiques joyeux ont marché en chantant et portant des reliques sur Oxford Street.

Ces derniers jours nous avons accueilli les reliques de St Claude La Colombière et Ste Marguerite-Marie Alacoque dans les rues et le centre de Londres afin de marquer la clôture de l’Année Sainte de la Miséricorde.

Nous avons accueilli, avec à-propos, les reliques de St Claude, un jésuite, à Farm Street, où nous avons été replongés dans les jours des persécutions contre les catholiques et les dangers auxquels faisaient face Claude et d’autres lorsqu’ils apportaient les sacrements à la communauté.

Plus tard nous avons visité la Chapelle de la Reine au palais St James, où il avait célébré les sacrements et prêché sur la dévotion au Sacré Cœur de Jésus telle que Ste Marguerite-Marie la lui avait révélée.

On nous a constamment rappelé que c’était dans ce temps pénal et dans une ville anti-catholique que le message de la miséricorde du Sacré Cœur avait été prêché en premier lieu. Claude avait une protection diplomatique en tant que chapelain au service de Mary de Modène, duchesse de York, mais cela ne l’a pas empêché d’être violemment arrêté, emprisonné et, éventuellement, exilé vers la France. Le message de la miséricorde de Dieu est tout aussi gênant et difficile pour notre monde d’aujourd’hui qu’il l’était il y a environ 350 ans.

Les reliques ont aussi visité le service de soins palliatifs de l’Hôpital St John & St Elizabeth, l’Oratory School dans l’ouest de Londres, les sœurs Carmélites cloîtrées au Square St Charles et la prison de Wormwood Scrubs. Les grâces données et reçues restent incalculables et répondent de manière éloquente à l’appel du Pape François à aller vers les périphéries de notre monde.

Ces jours ont été remplis de miséricorde et d’une extraordinaire générosité de nos missionnaires. Une soixantaine de personnes nous ont rejoint dont cinq jeunes qui ont couvert eux-mêmes leurs frais de voyage depuis l’Australie. Ils sont venus à cause de leur foi passionnée en la puissance de la prière et en l’intercession de l’Esprit Saint qui nous pousse à sortir dans les rues pour rencontrer l’étranger et l’orphelin et leur partager la miséricorde de Dieu.

Nous avons démarré à Tyburn Tree où quelques 200 catholiques avaient été exécutés après avoir été trainés le long d’Oxford Street jusqu’à Tyburn où le coup de grâce était asséné lorsque leurs cœurs battants furent arrachés de leurs poitrines – mais alors les portes du Paradis leur étaient ouvertes. Pour ceux qui ne connaitraient pas la pratique de l’évangélisation, regarder quelques catholiques fous, chantants et joyeux remontant lentement la rue en portant deux coffrets de vieux os pourrait ne faire que renforcer leur incrédulité. Et pourtant c’est ce que nous avons fait, et le lendemain nous avons recommencé de la même façon dans le quartier de Soho, Covent Garden et Leicester Square.

Pendant neuf jours nous avons prié l’Esprit Saint, fait prier nos communautés et paroisses respectives et assailli le Ciel de prières afin de nous procurer la protection et la force des saints. Les jours de témoignage ont été merveilleusement bénis et c’était presque comme si les eaux de la Mer Rouge d’Oxford Street s’étaient ouvertes en deux. Il y avait quelque chose de beau et mystérieux lorsque la paix et la joie de Dieu se sont diffusées à chaque pas en avant. Oui, nous sommes des clowns, mais nous marchons aussi dans la foi. Lorsque nous nous sommes rassemblés à la fin de notre mission à Notre Dame des Victoires (Our Lady of Victories) dans Kensington High Street, nous avons partagé beaucoup de fioretti de ces conversations exceptionnelles, ces rencontres fortuites ou accidentelles dans lesquelles nous avons été des canaux pour que le Sacré Cœur puisse toucher les rues de Londres.

La Porte Sainte de St Patrick, dans Soho, a été refermée par l’évêque après que nous ayons fait le tour du square en portant Jésus dans le Saint Sacrement et puis nous sommes retournés dans l’église à la fin du Nightfever (soirée de miséricorde). L’amour du Tout-Puissant avait été rencontré et partagé grâce à la présence physique de St Claude et Ste Marguerite-Marie, et maintenant il a même marché dans les rues de Londres. Dans son journal, St Claude avait écrit à propos de visites aux « English Ladies » (les « dames anglaises », compagnes de Mary Ward) dans une maison près de Leicester Square. Nous ne savons pas où trouver cette maison, mais, lors de ce dernier week-end, d’une façon divine et mystérieuse il y est retourné.

Cette mission a été possible grâce à la Communauté de l’Emmanuel et sa tutelle des reliques à Paray-Le-Monial. Le charisme de la communauté est d’appeler à la compassion, l’adoration et l’évangélisation. Ces trois caractéristiques devraient rayonner sur le cœur de chaque baptisé dans ce pays lorsque nous portons à tous la connaissance et l’amour du Christ.

L’évangélisation est un mot qui est utilisé plus facilement aujourd’hui par l’Eglise institutionnelle que dans le passé. Qu’est-ce qui rend réel, concret et vivant notre engagement à évangéliser ? Sûrement notre enthousiasme à « rendre témoignage de l’espérance qui nous habite » (1 Pierre 3 ; 15) et à baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Cela veut dire être prêt à quitter les murs physiques de nos églises et le confort des écrans d’ordinateur afin d’engager des conversations avec les personnes dans les rues et les emmener au Christ. Le Pape Emérite Benoît XIV avait dit au clergé allemand, avec douceur et fermeté, qu’aucune âme ne peut être sauvée à travers l’écran d’ordinateur d’un prêtre.

L’évangélisation de rue donne de l’énergie, de la joie et une dépendance totale à l’Esprit Saint lorsque l’on se fait pêcheur d’hommes dans notre culture contemporaine. Cela a été un voyage libérateur qui a permis à Ste Marguerite-Marie de contredire le Jansénisme écoeurant et étouffant de la France du 17ème siècle. Cela a permis aussi à St Claude d’apporter ce message au Londres protestant, qui avait réussi à rendre illégaux les sacrements de la miséricorde.

Nous avons plus de liberté aujourd’hui qu’ils n’en avaient à leur époque mais notre peur et notre inquiétude de ne pas contrarier les autres nous gardent souvent prisonniers. Combien nous devons croire que le monde a faim que nous parlions du Christ et que Lui, sur la croix, a soif que nous L’emmenions dans les rues. Prions pour que cette Année Sainte qui s’est achevée, nous donne le courage de faire cela.
Source : voir l’article original.

Merci à Zoë pour la traduction !

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